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Carrière

Femmes de l'enseignement.

Femmes dans l'enseignement

Publié le 1 juin 2017

« Ho mai na, c’est donner tout ce que la mère possède à son fils. La mère donne. A partir du moment où elle a tout donné, le fils peut partir ; il aura toujours sa mère vivante auprès de lui. Sa mère c’est sa base : ses racines, son sang, son premier lien, tout… L’enfant consolidé par ses propres racines (qui sont sa mère) peut partir. La mère est le symbole du lien direct, le lien parental. C’est le « pu fenua », le placenta, la matrice ».
henri-hiro
Henri Hiro
Interview publiée le 12 mars 1990, Les Nouvelles
« Elles (les femmes polynésiennes dans la société contemporaine) pouvaient accepter avec souplesse les contraintes nouvelles contre lesquelles les hommes se heurtaient. C’est d’ailleurs cette même plus grande propension à accepter les règles édictées qui est mise en avant pour expliquer la meilleure réussite scolaire des filles par rapport aux garçons qui s’affirment et construisent plus volontiers leur identité en s’opposant à toutes formes de contrainte ».
ecrivain
Patrick Cerf
La Domination des femmes à Tahiti, Au vent des îles, 2007

Pourquoi plus de femmes dans le métier de l’enseignement ?

La place des femmes dans la société polynésienne les prédispose t-elle à choisir ce métier ? Il n’y a pas eu à proprement parlé d’études sur la Femme dans son métier d’enseignante, du moins je n’en ai pas trouvé.
Dans l’ancien Tahiti, de nombreux écrits des premiers observateurs font état de la femme tahitienne et de sa situation bien meilleure comparée à celle d’autres femmes dans d’autres sociétés du 18ème siècle. Elles circulaient librement, avaient le choix de ses partenaires et de rompre une cohabitation non satisfaisante. Sandya Patel écrit dans son mémoire de maîtrise : « À l’époque où les femmes européennes n’étaient rien de mieux que biens et esclaves, les femmes polynésiennes occupaient une position égale à celle de l’homme ».
Ce statut et ces libertés accordés à la femme surprirent les missionnaires qui mirent tout en œuvre pour rétablir l’ordre naturel des choses. « Les activités principalement agricoles étaient menées par les hommes tandis que les femmes devaient s’occuper de la famille et de la maison dans le village où leur conduite, et notamment leur conjugalité était étroitement surveillée. » (Cerf). Au siècle suivant, Langevin décrit les relations familiales de la manière suivante : « Devant cette irresponsabilité du père, la mère assume presque entièrement l’éducation des enfants… La mère tahitienne apparaît, en revanche, comme l’élément stable de la maisonnée, celui sur lequel on peut compter du fait de sa présence constante. Elle joue le rôle de médiatrice non seulement entre les enfants et leur père mais aussi entre les aînés et les cadets et tempère l’autorité des premiers sur les seconds. »
La Femme comme principale actrice de la formation de sa progéniture est une fonction qu’elle assurait déjà. Mais à l’arrivée des colons, c’est le seul rôle qu’elle est autorisée à jouer. C’est peut-être la raison qui fait que la tahitienne se soit mieux adaptée au changement de la société. Saura parle d’une intégration moins complexée de la femme car habituée des situations de domination. Je n’adhère pas à cette théorie. Dans une société en mutation ou non, il est primordial pour la communauté et l’individu de trouver et d’avoir une place. Quel est mon rôle ? Comment je participe à la vie de la cité ? Que la femme ait été confinée au rôle de femme au foyer, bonne qu’à laver le linge et les fesses de ses mioches, elle avait un rôle, une place. Une femme était reconnue pour ses performances à tenir sa maisonnée. Que dire du tahitien pour qui il ne suffit plus de savoir pêcher ou planter, il doit rapporter de l’argent et donc avoir un travail. « En ce qui concerne leur rôle exclusif d’approvisionneurs, d’une part il a cessé d’être source de prestige puisqu’il n’est souvent plus fondé sur un savoir-faire traditionnel, d’autre part il a tendance aujourd’hui à être largement partagé avec les femmes. L’homme ma’ohi a donc perdu les différents statuts qui lui conféraient le prestige dans sa famille et s’est trouvé privé de ses ancrages extérieurs à la maisonnée sui lui donnaient l’autorité à l’intérieur de celle-ci » (Langevin, 1990). D’ailleurs, toujours pour Langevin, le succès des mariages mixtes (avec des popaa) réside dans la promotion sociale à laquelle cela se rattache. Elliston donne une autre interprétation à cette attitude « vénale » en y rattachant les intérêts des femmes dans leur projet de construction de leur famille. Les jeunes filles ont une éducation plus longue et donc plus solide et acquièrent une certaine maturité et surtout une objectivité quant aux éléments à réunir pour atteindre leurs objectifs.
Lorsque l’accès à l’emploi a été possible pour les femmes, la part de liberté s’est faite plus importante, et quoi de mieux que le métier d’enseignante. « En réalité, la profession la plus convoitée par les jeunes filles est, nous l’avons vu dans le chapitre précédent, celle d’institutrice qui offre, il est vrai, beaucoup d’avantages à Tahiti, ne serait-ce qu’au niveau du salaire. Cet avantage joint à la durée des congés et aussi au prestige dont bénéficie encore cette fonction aux yeux des autres tahitiens… » (Langevin, 1990). Ah ! la sécurité et le prestige ! Ramener l’argent au foyer et donc pouvoir manger qu’il pleuve ou qu’il vente. Faire partie de l’élite et former la population. Quel parent n’a pas encouragé sa progéniture à travailler à l’école pour « avoir un bon boulot », c’est-à-dire un bon salaire, pour payer à manger et plus, un travail où tu utilises ta matière grise. Le métier d’enseignante permet tout cela.
Au XXIème siècle, les choses ont un peu changé avec la mondialisation, d’autres métiers permettent en plus l’épanouissement et l’affirmation de la Femme dans la société. Mais j’aime à voir dans l’évolution de la vahine un formidable pied de nez fait aux hommes. Ces derniers pensaient minimiser sa place, sa fonction en la cloîtrant à la maison durant le siècle dernier. Elle n’en est ressortie que plus aguerrie, mieux préparée à la transformation de la société. Quand les hommes se cherchaient encore, les femmes elles se sont trouvées. Pour le métier d’enseignante, elles ont été culturellement préparées. Quand elles se sont mises à travailler, il fallait bien leur trouver du travail. À l’époque du CEP, les enfants c’est l’affaire des femmes. Et je dis tant mieux, l’accès à ce métier a été d’autant plus facile. Ce métier qui offre la liberté financière et un accès à la culture.
Quelque soient les avis, il faut reconnaître que l’Éducation a permis d’élever la femme polynésienne intellectuellement, socialement et financièrement.
Djo

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