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Portrait

Le riche parcours de Maruia Richmond

Publié le 29 septembre 2019

C’est un parcours sinueux que celui de Maruia Richmond – celle qui a travaillé dans l’enseignement, la communication, qui a créé sa marque de streetwear et qui s’épanouit aujourd’hui dans l’audio-visuel local avec une foule de projets en tête. Femmes de Polynésie. vous raconte une belle rencontre. 

Maruia est née à Papeete en 1982. Elle a deux frères pêcheurs. Son enfance, elle l’a passée entre Faa’a et Punaauia. Elle a joué au foot dans le club Tefana avec ses cousines.

LA PERTE DE SON PAPA A 9 ANS

Son enfance est marquée par le décès de son papa, alors qu’elle avait neuf ans.

« J’ai alors compris que les parents n’étaient pas éternels »

Elle se souvient d’une lettre écrite à son père où elle lui promet d’avoir son bac avec mention, d’aller à l’Université… Autant d’objectifs qu’elle se fixait ainsi à elle-même. Elle tient ses promesses et décroche bien son bac avec mention, puis entame des études : après un BEP comptabilité et un bac pro commerce, elle obtient une licence d’info-comm à l’ISEPP, nous sommes alors en 2004.

« Je travaille ensuite comme chargée de com à la mairie de Faa’a, et fais en parallèle une demande de bourse pour des études en Nouvelle-Zélande. »

C’est ainsi qu’elle quitte pour la première fois le fenua, et poursuit des études en communication pendant un an. A son retour à Tahiti, elle devait intégrer le Ministère chargé de la communication et des télécom, mais nous sommes alors en pleine instabilité politique avec les taui, et la place lui échappe.

REBONDIR

Maruia, après cette déconvenue, enchaîne les petits boulots, passe son BAFA, travaille dans un snack.

« Que tu aies des diplômes ou non, il n’y a pas de sous métier ! »

Elle se tourne ensuite vers l’enseignement au lycée de Faa’a, puis au lycée Aorai et aussi à Papara où elle dispense notamment des cours d’organisation et communication, de secrétariat, d’informatique. En parallèle, elle s’inscrit au CNAM pour obtenir un master de gestion option ressources humaines. Cela supposait un stage en entreprise, et ce fut à Bora Bora, au Four Seasons, où il y avait également des demandes de métropolitains, mais l’origine polynésienne de Maruia était un plus qui lui a permisde décrocher ce stage.

Elle avait d’ailleurs précisé avec une certaine malice qu’en la choisissant, l’hôtel, qui payait le voyage et l’hébergement, ferait des économies en ayant recours à une jeune femme locale par rapport aux frais qu’engendrerait la venue de quelqu’un de métropole. Sans parler du feeling polynésien qui lui permettait de mieux comprendre les mentalités des îles. Au Four Seasons, elle gère la communication, l’administration, l’évènementiel. Elle se souvient de son initiative consistant à faire venir une classe de CM2 pendant la semaine du goût.

« Après une pause de six mois, je reviens dans l’enseignement, en primaire, et je réalise que ce n’était plus possible, que ce n’était pas mon truc »

Elle part enseigner en lycée professionnel, où elle a à cœur de redorer l’image de cette filière. Elle explique que les enfants ont déjà passé avec succès les étapes de la 6ème à la 3ème, et qu’ils ne doivent pas se sentir brimés ou sous-estimés.

« On est tous bons quelque part. Au final on obtient tous le même bac, il n’y a que les options qui changent »

CREATION DE AHI COMPANY

En 2014, elle est embauchée comme régisseuse sur le tournage du remake de POINT BREAK, qui se déroule à Teahupoo. Elle intervient ensuite lors d’autres tournages importants, comme pour le film GAUGUIN avec Vincent Cassel ou SUPERMAN CONTRE BATMAN pour une scène aquatique à Bora où un ado va chercher la kryptonite dans le lagon.

Début 2018, avec Virginie Tetoofa (1) et Teiva Drion, Maruia crée la société de production audio-visuelle AHI COMPANY, trois associés et amis aux compétences complémentaires. Ils commencent par une co-production puis chacun développe ses propres projets. Teiva a réalisé un documentaire de 52 minutes sur Rurutu, terre du UMUAI, qui raconte les cérémonies autour d’un mariage traditionnel.

Parmi les projets en cours, la saison 2 de PARI PARI FENUA une série qui invite le spectateur à mieux comprendre le contexte socio-culturel de la Polynésie et qui décrit les visions légendaires et contemporaines de lieux emblématiques du fenua.

A venir également, une série de quatre courts-métrages sur le thème des légendes urbaines en Polynésie, qui sera diffusée le 15 octobre à 19h30 sur Polynésie 1ère. L’un de ces courts-métrages est la première réalisation de Maruia.

« Réaliser faisait partie de mes projets. Et c’est un rêve qui est devenu réalité »

Les obstacles d’ordre financier ne découragent pas Maruia et ses partenaires, bien au contraire : chacun amène ses idées, qui sont discutées et mises en commun. En marge des productions « 100% AHI », Maruia, Virginie et Teiva sont parfois sollicités pour des prestations faisant appel à leurs compétences respectives.

« Grâce à ce travail-passion, je voyage dans les îles du fenua, et je ne me vois plus travailler dans un bureau. Je me rends compte de la beauté de nos archipels. J’ai découvert récemment une vallée à Hitiaa où il y a un nombre impressionnant de cascades au même endroit. C’était magique !!! »

Maruia s’investit beaucoup dans son travail et ne compte pas ses heures. Son rêve, et celui de AHI serait de faire un long-métrage de fiction.

LA PARENTHESE STREETWEAR « HERIAN »

C’est en 1996 que HEIRIAN est né, nom utilisé par les jeunes du quartier de Heiri à Faa’a. Maruia imagine le logo HRN en 2010, à base des consonnes de Heirian, et commence à faire des t-shirts en 2015 avec une image qui se distingue du surf et des clichés polynésiens, mais qui met l’accent sur la rue, le quartier et ses symboles.

« Dans chaque t-shirt il y a une réalité. Le dessin ou le motif sont toujours rattachés aux expériences de la vie, comme celui qui représente trois garçons avec la mention brother of hood, impliquant qu’ils seront toujours là l’un pour l’autre ».

C’est le bouche à oreille qui permet de diffuser les t-shirts et les casquettes, et ça fonctionne bien, sauf que pour continuer et se développer il faut un capital et du temps, ce dont Maruia manque, un pied déjà dans ses activités audio-visuelles.

Avec un parcours aussi riche, Maruia termine notre entretien en encourageant la jeunesse locale.

« Nous avons tous des idées. Et quand on a des idées, il faut foncer quitte à créer son emploi, sans attendre que la société fasse quelque chose pour toi. Faites un métier qui vous plait. Avec ou sans diplôme, on est tous bons. N’attendez pas que votre voisin le fasse à votre place ! »

(1) voir portrait Virginie, voir et dire le monde

  Laurent Lachiver
  Rédacteur web

  © Photos : Maruia Richmond

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