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Société

Leilanie Tupea-Didier, 1m55 de plus-value au service de FENUA MA

Leilanie Tupea-Didier, 1m55 de plus-value au service de FENUA MA

Publié le 15 octobre 2018

Voici le portrait d’une femme au caractère bien trempé : Leilanie Tupea-Didier. Elle vend du fret international par avion ou par bateau. Signe particulier ? Elle gère le transport de nos déchets recyclables vers la Nouvelle Zélande ou l’Asie, ce qui représente près de 400 containers siglés FENUA MA par an. Femmes de Polynésie a rencontré celle qui n’a jamais baissé les bras, sa devise.

« J’ai grandi dans un quartier sensible de Papeete, je ne pensais pas un jour arriver là où je me trouve aujourd’hui ! »

Une enfance difficile

L’histoire aurait pu débuter ainsi « Il était une fois, sur une île perdue au milieu de l’océan, vivait une petite fille qui faisait toujours le même rêve : ses parents vivent ensemble, avec ses trois sœurs, elles grandissent dans une maison où règne l’amour et où leurs anniversaires sont célébrés chaque année en compagnie de leurs meilleurs amis… ». Dans les faits, la réalité est toute autre. Les parents de Leilanie ne vivent plus sous le même toit depuis sa 5ème bougie. Les gardes entre son père et sa mère se résument à une maman qui court après plusieurs boulots pour leur assurer une vie décente, et un père qui les confie la plupart du temps à sa sœur.

« On n’avait personne pour nous apprendre les choses, nous transmettre un savoir faire, que ce soit au niveau familial ou culturel. Nous n’avions personne jusqu’à ce que l’on soit bien installé avec maman. Ma vie redevient stable à mes 9 ans. Je retrouve un certain équilibre qui me permet d’avancer, de mieux m’organiser, d’être moins naïve. Elle nous a appris à nous débrouiller, à ne compter sur personne d’autre que soi-même, de ne rien devoir aux gens. »

L’école de la vie

Elle grandit entre Papeete, Bora Bora et Faa’a. La débrouillardise chevillée au corps, elle se rend de façon assidue à l’école. Après un Bac Pro en comptabilité elle s’oriente en Lettres Langues et Civilisations étrangères à L’Université de la Polynésie Française. Mais il semble qu’avoir son indépendance financière soit plus motivant que de finir son cursus universitaire. Leilanie veut voler de ses propres ailes.

« Sans rien dire à mes parents, j’ai quitté l’école et j’ai travaillé comme serveuse à Fare Ute. Tandis que je sers les plats du jour, Elisa, une habituée, me dit : « un jour je vais monter ma boite et j’aimerais que tu en fasses partie ». J’ai dit d’accord, mais je ne connais strictement rien au domaine du fret. Le 12 avril 2010 je débute en tant que secrétaire à mi-temps, le 1er juillet 2010 je passe à plein temps et avec les années, je suis devenue le bras droit de ma directrice. »

Un travail inattendu

FRET IMPORT EXPORT TAHITI, c’est le nom de la société. Elle s’est spécialisée dans la vente de fret international par bateau et par avion. Le partage des tâches est scrupuleusement respecté. Le volet administratif et commercial pour Elisa, la supervision des chantiers et la gestion des opérations et des rapports humains pour Leilanie.

« Parmi les prestations dont nous avons la charge, nous gérons l’export des déchets de FENUA MA. On fait venir des prestataires, des personnes chargées de la veille sanitaire, de l’empotage, du transport des containers et des  formalités douanières. Nous gérons d’autres exportations diverses ainsi que l’importation de marchandises variées pour différentes sociétés. Et parfois, nous traitons avec d’autres clients des quantités moins volumineuses de chutes d’aluminium. »

Que les choses soient claires, Leilanie évolue dans un univers où le genre est majoritairement « masculin ».

« Au début quand j’ai commencé, j’ai eu un peu de mal. La femme qui débarque et qui donne des ordres, les mecs te regardent avec un air de « qui es-tu ? ».  3 à 4 mois après tu es obligée de t’intégrer, il faut savoir taper du pied quand il faut, je suis assez cool tant que le travail est fait. »

Rigueur et discipline

8 années d’expérience plus tard, la tête sur les épaules et un planning prévisionnel installé face à son bureau, Leilanie garde un œil sur tout.

« Il faut se rendre sur le chantier pour vérifier si tout est ok avant de démarrer. Il faut suivre le nombre de containers, les empotages. Il y a l’avant, le pendant et l’après à gérer. Une fois le boulot sur place terminé, il y a tout le volet administratif à effectuer. Du terrain, de la paperasse et du relationnel. Voilà comment se passent mes journées au boulot. »

Le téléphone sonne, Leilanie valide avec son interlocuteur le programme du lendemain. L’occasion de faire le point sur l’exportation de nos déchets.

« Les gens commencent enfin à trier et mieux ! Les quantités ont augmenté pour le carton, le journal, les bouteilles en plastique. Je le vois sur le chargement. Les containers partent de Papeete direction la Nouvelle Zélande ou l’Asie. Là-bas, les produits sont recyclés comme les bouteilles qui reviennent sous forme de mousse pour les oreillers ou encore les canettes en alu sous forme de bateau en alu. »

Oser c’est déjà agir

Malgré toute la charge de travail, Leilanie trouve encore le temps de participer à la vie scolaire de sa fille de 4 ans, de l’accompagner à l’école et d’être à la maison pour le dîner. Entre temps elle se sera rendue à la rame. Un afterwork pour se détendre d’une longue journée de travail.

« Mon objectif était clair : ne plus retourner où j’ai vécu. C’est vrai qu’avant il y avait moins de violence gratuite. Mais j’ai grandi dans un quartier sensible de Papeete, je ne pensais pas un jour arriver là où je me trouve aujourd’hui. »

Loin du conte de fée qu’elle se faisait enfant, Leilanie est devenue une femme qui déclare ne rien regretter et n’avoir aucun remords. Elle garde pour principe de ne jamais baisser les bras, garder la tête haute et demeurer forte. Elle dit merci à la vie, merci à sa mère, merci à ceux qui lui font confiance, à son compagnon.

« Un jour j’ai voulu me faire un cinéma, j’y suis allée. Un autre jour j’ai voulu m’offrir un Mac do, j’y suis arrivée. Du petit milieu d’où je venais c’était juste un exploit. Ces petits objectifs ont laissé place à d’autres plus grands. Avec ma liberté financière, j’ai gagné ma liberté en tant que femme ! Nous avons toute notre place dans la société. A chacune de se faire respecter, à nous de nous valoriser. »

Plus d’informations

Sur le site de FENUA MA
Et sur la page Facebook Syndicat FENUA MA

Jeanne Phanariotis
Rédactrice web

© Photos : Leilanie Tupea-Didier

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